LES BANDITS CORSES Francescu Maria CASTELLI (1875-1929)

Source : https://www.corsicamea.fr/bandits/bandit-castelli.htm

 

François Marie (Francescu Maria) Castelli, est le type même du bandit percepteur.

Il est né à Carcheto, en Castagniccia, le 01 janvier 1875.

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C’est un personnage très contrasté : Véritable brute, il est dénudé de tout sentiment humain, s’en remet à la protection divine en se couvrant de médailles pieuses; il est fort et vigoureux mais sa voix plutôt féminine (comme le relèvera l’instruction lors de son premier crime) dénote avec son physique.

Castelli a pourtant eu une enfance paisible et jusqu’à l’âge de 30 ans c’était un cultivateur sans histoires.

Le 10 mars 1904,  pour non paiement d’une dette, il assigne devant le juge de paix, Jules Santini, son cousin germain. Débouté, il en garde cependant une profonde rancoeur et deux ans après, le 08 septembre 1906, il commet son premier meurtre : Au couvent d’Alesani, alors qu’une journée de liesse se termine, au cours d’une partie de cartes bien arrosée,  il abat froidement Jules Santini d’un coup de fusil en pleine poitrine.

Après avoir d’abord pris le maquis et après s’être vanté d’avoir fait pression sur les témoins, le 08 janvier 1907 Castelli se constitue prisonnier à la gendarmerie de Piedicroce.

La cour d’assise de Bastia lui reconnaît des circonstances atténuantes et le condamne simplement à cinq ans de prison et à cinq ans d’interdiction de séjour.

Après avoir purgé sa peine à la prison de Riom (Auvergne), libéré pour bonne conduite en juillet 1911, il revient aussitôt au village de Carchetu malgré l’interdiction de séjour, avec la ferme intention de se venger de Léon Chipponi, vannier, un homme qui a déposé contre lui durant le procès. Ce dernier échappe de justesse aux balles de Castelli qui guettait son passage à une croisée des chemins vers Carpinetu le 18 juillet 1911.

Le 21 juillet, le parquet de Corte dresse un mandat d’arrêt à l’encontre de Castelli qui est inculpé de tentative de meurtre et d’infraction à un arrêté d’interdiction de séjour.

Le 10 août de la même année, à Zalana, Castelli, en compagnie de son guide, est surpris par les gendarmes Chabanon et Benazet qui tentent de l’interpeller. Le Brigadier Chabanon est tué.

Le 19 août, posté derrière un châtaignier, il abat froidement le berger Sébastien Arrighi qui 24 ans auparavant avait eu une dispute avec son père! et ordonne à sa veuve de quitter aussitôt le village de Carchetu.

Des homonymes, les frères François Xavier et Jean-François Castelli, qui ont aussi témoigné contre le bandit au cours du procès, vivent dans la peur. Ayant été informé des intentions du bandit, Jean-François Castelli, s’est barricadé chez lui. Le bandit se poste devant sa maison et interdit à quiconque de s’en approcher. Il a l’intention de laisser mourir de faim le pauvre homme.

La cruauté du bandit atteint son paroxysme quand le 06 mai 1912, vers 15 heures, en plein village, il tire et blesse mortellement à l’abdomen sa nièce, Maria Castelli, fille de Xavier Castelli, à peine âgée de 18 ans, qui avait eu la témérité de venir ravitailler son oncle. C’est Mathilda Castelli, 13 ans, qui tente vainement de porter secours à sa soeur en frappant à toutes les portes; mais les habitants de Carchettu qui ont assisté au drame, restent cachés dans leurs maisons, laissant agoniser la malheureuse jusqu’à 4 heures du matin. Quand les gendarmes arrivent, il est trop tard.

Castelli menace ouvertement la population du village en faisant savoir  qu’il y aura des représailles si quelqu’un s’aventure à fabriquer un cercueil à la jeune victime. Elle sera enterrée, enroulée dans un simple drap, par le garde champêtre réquisitionné pour la circonstance et par deux gendarmes tandis que même les parents de la pauvre enfant sont restés cloîtrés chez eux !.

Le lendemain, les frères Castelli, escortés par les gendarmes, quittaient définitivement Carchetu pour s’installer à Bastia.

Castelli confiera plus tard à mon grand-père qui l’avait souvent pour « hôte »,  : « J’ai commis de nombreux crimes, mais le seul que je regrette c’est celui d’avoir tué cette jeune fille« .

Le 26 août 1912, les propos d’Antoine Raffali, charretier de son état, dérangent profondément Castelli, qui l’abat sur la route de Brustico de deux coups de fusil tirés presque à bout portant.

Le 19 août 1914, il abat d’un coup de fusil le brigadier de gendarmerie Victor Chabanon.

Le 20 avril 1916, il assassine Charles Jean Ventura.

Le 12 octobre 1917, Pierre Félix Albertini, agé de 67 ans, son ancien guide, qu’il soupçonne de lui faire « la spia« , est abattu à son tour.

Le 08 décembre 1921, à Pietricaggiu après une soirée de beuverie dans la maison Castellani, Jean-André Lambertini, un berger de Piubetta, autre guide de Castelli, est froidement abattu par le bandit qui le soupçonne de l’avoir entraîné dans un guet-apens tendu par les gendarmes de Valle-d’Alesani.

A partir de ce jour Castelli renoncera à se servir d’un guide.

Le 02 octobre 1923, au col d’Arcarota, au cours d’une rencontre fortuite, Castelli tire sur son Parent Pierre Castelli et le blesse grièvement avant de prendre la fuite.

Ainsi se déroule la cavale de ce terrible bandit, sans doute le plus sanguinaires et le plus inhumain de tous, qui pendant 18 ans va terroriser les habitants d’une paisible région de Castagniccia ». De l’Orezza à l’Alesani, il parcourt les villages en faisant annoncer sa venue.

Chaque habitant, aussi bien de jour comme de nuit, doit laisser sa porte ouverte au bandit qui s’invite tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre pour le gîte ou le couvert.

Mon arrière grand-père tenait une épicerie à Felce. Castelli le prévenait avant de venir se ravitailler : « Couche les enfants, ce soir je vais passer » (Castelli craignait les enfants, car ils pouvait parler de sa venue); Et mon arrière grand-père se devait de l’attendre jusqu’à des heures avancées de la nuit.

Quand il avait besoin d’argent, c’est aux notables, aux gens aisés, au curé, qu’il s’adressait. Ma tante m’a raconté que gamine, un jour, avec sa cousine, elles le croisèrent dans les escaliers alors qu’elles venaient rendre visite au  curé de mon village. Du haut des escaliers, le bandit les mit aussitôt en joue avec son fusil pour les faire fuir et les inciter au silence.

Castelli n’a pas besoin de demander, car tous savent que ses visites n’ont rien d’amical. A la crainte, se mêle parfois l’orgueil d’avoir reçu un « hôte de prestige » et il arrive même parfois que l’on se dispute l’honneur de l’avoir à sa table dans le but de s’en faire un allié, un ami, un protecteur. Les hommes politiques ne se privent pas non plus de le solliciter pour une aide électorale et pour motiver les indécis. Il est lui même candidat aux élections législatives de 1924 où il obtient une centaines de voix considérées lors du recensement comme des bulletins nuls. Mais cette intrusion dans la vie politique dérange des hommes influents de la région qui prennent la résolution de le supprimer.

François Marie Castelli a 53 ans quand, le 23 janvier 1929, vers 17 heures, au hameau de Mezzane, près de Chiatra, en quittant la maison de Paulin Mattei après avoir bien mangé et bien bu, il s’écroule mortellement blessé atteint d’une balle dans le dos. On trouvera dans ses poches, avant qu’il ne soit enseveli au bord du chemin, sur les lieux mêmes où il fut abattu, une statuette de Saint Antoine.

Ce crime, qui marquait la fin à 18 années d’oppression dans les communes de l’Alesani, de l’Orezza et de a Pietra di Verde n’a jamais été élucidé, mais à Alesani, on pense qu’il a été commis par un proche du monde politique de l’époque contre la promesse d’une forte somme d’argent.

 

Autres bandits de Castagniccia : Fiaschetto, Germani, Michaelli.

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